Le puit d'amour de Roussillon
L'histoire de l'étrange et étonnante bourgade de Roussillon est associé, dans la mémoire collective , à l'un des plus tragiques aventures amoureuses qui jadis, éclaboussa les gorges et les falaises de ce magnifique terroir de Provence.
Sirmonde l'épouse du terrible seigneur du lieu, était tombée en amour d'un jeune troubadour au sourire charmeur, aux couplets gracieux.
Délaissée par un mari aux moeurs rustres, qui partait pour la chasse plus que nécessaire. La sémillante Sirmonde s'en consola dans les bras de Guillaume de Cabestang, page et poête courtois, qui vivait au donjon, et ne pensait qu'à lui plaire et à la distraire.
Dévoré par la jalousie, le triste sire du châtelain, qui n'avait cessé de faire espionner sa conjointe à laquelle, il ne témoignait pas plus de confiance que d'attention, ayant appris son infortune, tua sauvagement et rageusement son rival, d'un imparable coup de dague. Et non content du meurtre, il fit ignominieusement dépecer le cadavre par ses gens et l'apprêter par son meilleur cuisinier.
A son retour, le cassaire (chasseur) offrit à sa femme un superbe banquet au menu duquel figurait un mets des plus succulents. Quand Sirmonde, ignorant la sordide et sinistre machination, s'en fut amplement régalée, l'horrible Raymond lui avoua, éclatant d'un rire sardonique, qu'elle venait de déguster voluptueusement le coeur de son amant.
Apprenant l'insupportable vérité, la malheureuse, atterrée, trouva toutefois de se lever et de déclarer publiquement qu'elle avait fort bien mangé et ce, pour toujours.
Puis, elle erra comme une âme en peine, le long des remparts, en proie aux pires tourments et courut se précipiter du haut de la falaise proche qui se teintèrent de son sang pour l'éternité.
A l'endroit même ou son corps s'enfonça dans le sol, une source jaillit et l'on raconte que les habitants du pays se dépêchèrent de la métamorphoser en puits couvert, afin que la dépouille de la défunte reste à jamais à l'abri de la colère des mâles soupçonneux !
La légende dit aussi, que le promeneur avisé et observateur saura lire, dans les ombres reliefs alentour, le sombre profil du sieur Raymond.
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* Source: Contes et légendes du Provence.